Saravah est un documentaire réalisé par le français Pierre Barouh, un baroudeur qui a un parcours de vie assez original. Pierre Barouh tombé amoureux de la samba a décidé de suivre et de filmer en 1965 des musiciens déjà célèbres au Brésil comme Pixinguinha et João da Baiana, mais aussi des étoiles montantes de la musique brésilienne comme Baden Powell, Maria Bethânia et Paulinho da Viola. Les spécialistes préfèrent parler de document historique plutôt que de documentaire car la caméra est simplement posée au milieu des musiciens qui jouent et parlent librement dans des lieux ouverts de Rio et dans des salles de répétitions. On a l'impression d'être au milieu de ces artistes et de partager une bière ou un moment musical avec eux. C'est un super document qui nous plonge dans la samba et la musique de Rio de Janeiro au milieu des années soixante. Le document Saravah dure une heure et deux minutes et sur la version de You Tube, on retrouve à la suite un petit document toujours de Pierre Barouh qui nous emmène dans la favela de Cantagalo en 1996 à la rencontre d'un chanteur Adão qui a écrit de nombreuses chansons.
Cette version n'est pas sous-titrée, il faut comprendre le portugais... Vous pouvez vous procurez ici le DVD Saravah de Pierre Barouh.
Pierre Barouh est un personnage atypique passionné de samba et de bossa nova. Il a voulu partager cette passion en filmant à Rio de Janeiro des musiciens célèbres. Les cinéphiles connaissent Pierre Barouh en tant qu'acteur et le grand public connaît surtout sa voix car c'est l'interprète du célèbre "Chabadabada" avec Nicole Croisille dans le film "Un homme est une femme" de Claude Lelouch. Pierre barouh est un parolier, un acteur, un chanteur et aussi un producteur avec son label "Saravah" qui a découvert et produit des artistes comme Jacques Higelin, Brigitte Fontaine, Nana Vasconcelos. Pierre Barouh n'est pas simplement l'acteur et l'interprète d'un homme et une femme. Tout le film est lié à son parcours et à ses connaissances. C'est Pierre Barouh qui a présenté à Lelouch l'acteur Jean-Louis Trintignant et le musicien Francis Lai qui composera la musique mythique du film. Et c'est bien l'expérience musicale brésilienne de Pierre Barouh et ces compositions qu'il fera au Brésil avec Baden Powell qui vont embellir le scénario et les musiques du film. C'est assez incroyable, une expérience humaine très riche qui lancera la carrière de tous ces personnages. Pour sentir l'ambiance de l'époque, il est assez agréable de voir ou revoir un homme et une femme. Le film très novateur pour son époque grâce à l'omniprésence de la musique et à un certain coté subversif concernant les rapports amoureux a bien vieilli cinquante ans plus tard... C'est tout de même un monument du cinéma français. Dans un homme et une femme, Pierre Barouh joue le rôle du mari défunt d'Anouk Aimée, un cascadeur passionné de bossa nova et de Brésil. Sa partenaire l'actrice Anouk Aimée, rencontrée sur le tournage du film, deviendra sa femme pendant trois ans. Pierre Barouh s'occupera ensuite de sa maison de production Saravah à la découverte de nouveaux talents. Ce baroudeur infatigable se remariera deux fois. Sa dernière femme étant une japonaise, il partagera à partir des années quatre-vingt sa vie entre la France et le Japon avec ses enfants devenus artistes pour certains. Pierre Barouh est un homme de rencontres, avide de découvertes qui nous laisse un témoignage passionnant sur le Brésil et la musique de Rio.
La simplicité de Pierre Barouh et la rapidité du tournage de Saravah (3jours) offrent un document léger et frais. Toutes les personnes qui ont voyagé à Rio retrouveront les sensations agréables de la ville merveilleuse. Ces images qui on cinquante ans regorgent de trésors. Tous les artistes qui passent devant la caméra sont passionnants. Le plus présent est Baden Powell avec lequel on rentre dans une séance de studio avec ses musiciens. Baden Powell guide Pierre Barouh auprès de la vieille garde samba que sont Pixinguinha et João da Baiana. João da Baiana interprète avec son assiette et son couteau la chanson Yaô, trop la classe. On aperçoit rapidement le sourire de la chanteuse Clémentina de Jesus, la troisième interprète avec Pixinguinha et João da Baiana de "Gente da antiga" un album mythique de 1968. Dans Saravah on voit défiler l'école de samba Mangueira, on accompagne Paulinho da Viola encore tout jeune dans l'interprétation de la chanson Rosa Maria avec Maria Bethânia à la terrasse d'un café... C'est vraiment un témoignage exceptionnel d'une autre époque. L'ambiance décontractée et les images des années soixante appellent à regarder le film Saravah qui devrait ravir tous les sambistas.